Var 29/07/2022
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La vallée d'Hortésie

Un projet professionnel en forme de projet de territoire

Après plus de 20 ans de carrière dans la restauration, Maxime Rotureau prend un nouveau départ en maraîchage, à Roquebrune-sur-Argens. Avec le soutien de la SCIC Terre Adonis, ce néo-paysan veut participer à l'approvisionnement de son territoire en produits locaux de qualité.

Il y a encore quelques années de cela, Maxime Rotureau était un chef pâtissier comblé. Passionné par son métier, il a exercé son savoir-faire à travers le monde, de palaces en tables étoilées, pendant plus de 20 ans. Il travaille en Australie lorsqu'une allergie à la farine met un coup d'arrêt à une bien jolie carrière, voilà maintenant six ans. Un coup dur qui remet toute une vie en question. Alors, bien sûr, le pâtissier aurait pu mettre son expérience à profit dans son secteur d'activité, en restant éloigné des fourneaux. Mais faute de pouvoir mettre la main à la pâte, et ayant des liens familiaux avec l'agriculture, il préfère opérer un retour à la terre, mû par une nouvelle passion. "J'ai besoin de rester en contact direct avec ce que je fais", explique-t-il.

Changement de vie

Après une première expérience dans une ferme australienne, il regagne la France, en 2017, et suit une formation professionnelle à Aubenas, en Ardèche, pour obtenir un BPREA. Ayant travaillé sur la Côte d'Azur par le passé, il cherche à s'installer en maraîchage dans le secteur, plutôt que de rejoindre sa Vendée d'origine, quand il découvre la plaine de l'Argens.

Il prend contact avec la communauté d'agglomération, se rapproche de la Chambre d'agriculture du Var et de la Safer Paca et rencontre Philippe Auda, maraîcher à Roquebrune-sur-Argens, à l'occasion d'une réunion professionnelle. Il travaille même pour le producteur pendant près d'un an, entre février et octobre 2019. Les inondations qui touchent le secteur pour la énième fois en fin d'année n'entament pas la détermination de Maxime Rotureau, qui continue à se forger une expérience chez des agriculteurs locaux, en attendant de concrétiser son projet.

En 2021, il apprend que Philippe Auda cherche à céder son exploitation. Le site fait un peu plus de 10 hectares, dont 6 ha cultivables, 3 ha sous serres et 3 ha de plein champ. "Malgré la problématique des inondations, le secteur est beau, tout est d'un seul tenant, c'est un bel outil de travail, avec hangar et chambre froide. Je me suis dit qu'avec quelques aménagements, pour pouvoir mettre le plus important hors d'eau et se relancer rapidement une fois l'eau partie, cela valait le coup", analyse le porteur de projet, qui entame alors un parcours à l'installation avec dotation jeune agriculteur. C'est aussi un projet à 800 000 € qui pose la question du financement du foncier.

Heureusement, Maxime Rotureau trouve une solution de portage, grâce à la Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) Terre Adonis. Fondée par la Safer Paca, la Région Sud et La Coopération agricole Sud, cette SCIC est soutenue par des partenaires privés et publics qui peuvent venir aider des projets agricoles d'installation ou de consolidation. En plus de la Safer et de la Région, la Caisse d'Épargne, Estérel Côte d'Azur Agglomération et la Société du canal de Provence soutiennent le projet de Maxime Rotureau, qui reste en recherche d'autres partenaires.

Engagé à racheter les terres en apportant au minimum 10 % du financement, le nouvel installé les loue en attendant à la SCIC, par l'intermédiaire de la Safer Paca.

Des produits de qualité et de proximité

Cette dynamique collective lui a permis de démarrer son activité au printemps de cette année. Sa ferme - baptisée 'La Vallée d'Hortésie', en référence à la fée des jardins du Songe de Vaux de Jean de La Fontaine - est en cours de certification biologique. "J'aime bien la notion très humble du jardinage. Et puis, Hortésie est une jolie contraction d'horticole et de poésie. Au-delà des cultures, un site comme celui-ci doit être un espace vivant et accueillant", présente le jeune maraîcher. Il envisage ainsi de demander la certification en Haute valeur environnementale (HVE) et d'aménager à l'avenir des haies et une marre, qui viendront enrichir la biodiversité.

Des essais de couverts végétaux seront aussi très vite mis en place pour améliorer la vie du sol. "C'est la clé. Ici, la terre est très bonne, mais il y a certains blocages. On va voir ce qui est le plus efficace et le plus pratique à gérer", prévoit Maxime Rotureau.

Pour commencer, il s'est concentré sur la production de tomates et de courgettes commercialisées dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres, auprès de grandes surfaces, en demi-gros, et vers la restauration. Il livre aussi des collèges. "Cela fait partie intégrante de mon projet. Comme je viens de la restauration, c'est important pour moi de travailler avec la restauration collective. Elle a beaucoup évolué et met aujourd'hui l'accent sur une alimentation de qualité", insiste-t-il.

Le néo-agriculteur entend également s'inscrire pleinement dans la vie du territoire. "L'approvisionnement local permet de sécuriser une partie de notre alimentation. Arriver à une certaine forme de résilience aujourd'hui, au prix du baril de pétrole, c'est essentiel", défend-il avec conviction.

Deux salariés permanents, déjà en poste sur l'ancienne exploitation, travaillent avec lui au quotidien, épaulés par deux saisonniers. "Leurs compétences me permettent de dégager du temps pour la vente, la communication et tout ce qui est administratif, ce qui n'est pas une mince affaire. Il faut savoir déléguer, et j'ai toute confiance en mes collaborateurs", souligne-t-il. Avec eux, il prépare déjà ses cultures d'hiver. Courges butternut et potimarrons sont déjà en place. Suivront fenouil et blettes. À terme, la ferme devrait produire une quinzaine de légumes différents sur l'année. 

Gabrielle Lantes •

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