Bouches-du-Rhône, Gard, Pyrénées-Orientales, Vaucluse 11/11/2022
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cerise de boucheet d'industrie

Un nouveau plan opérationnel sur la table

À Med'Agri, en octobre dernier, les filières cerise de bouche et d'industrie ont annoncé le lancement du plan intitulé 'Cerise 2022-2024', destiné à soutenir la production autour de cinq enjeux vitaux pour les filières.

L'été dernier, l'AOPn 'Cerise de France' a lancé un diagnostic agraire sur le secteur du Ventoux.  Une réunion de restitution devrait se tenir à la fin de l'hiver 2022-2023.

© Crédit photo : CZ

Ces derniers mois, les filières cerise de bouche et d'industrie se sont mobilisées pour montrer aux producteurs que des alternatives existaient dans la lutte contre Drosophila suzukii. Des visites d'exploitations ayant investi dans des filets anti-insecte et restructuré leurs vergers ont été faites au cours de l'hiver dernier1, et lors de la dernière édition du salon des agricultures méditerranéennes, Med'Agri, une conférence s'est tenue pour détailler la dynamique collective "remise en place et destinée aux producteurs de cerises, autour de cinq enjeux vitaux pour la filière", détaillait Emmanuelle Filleron, de la Chambre d'agriculture de Vaucluse : Drosophila suzukii, le changement climatique, le maintien du potentiel de production qui s'érode, les exigences commerciales "qui, malgré le contexte, sont toujours plus draconiennes, sans oublier l'augmentation des charges qui touche la filière et tous les pans économiques".

Cette dynamique collective a la singularité de regrouper tous les producteurs de cerises, de bouche et d'industrie via l'AOPn 'Cerise de France' et l'Anibi, car si certaines problématiques sont spécifiques, elles se retrouvent sur ces enjeux majeurs pour la pérennité des arboriculteurs et de leurs exploitations. Elles s'étaient d'ailleurs mobilisées lors de la visite du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, à l'occasion de sa venue en Vaucluse le 21 octobre dernier et de sa visite au Domaine expérimental La Tapy, aux côtés du Centre technique interprofessionnel, de l'Inrae, de la Chambre d'agriculture de Vaucluse, de la Chambre régionale et de Coopfruit Luberon.

Une nouvelle dynamique collective lancée

"Il existe des spécificités pour chaque filière de bouche et d'industrie, mais aussi beaucoup de points communs", relance Emmanuelle Filleron. Les partenaires ont donc déposé en mai dernier un projet Feader auprès de la Région Sud - intitulé 'Cerise 2022-2024' - et, sans attendre l'aval de soutien de la collectivité - qui devrait être accordé - ont lancé des travaux déclinés en trois objectifs : sécuriser la production de cerises, renforcer la performance des vergers et exploitation, et lutter contre suzukii.

"Depuis l'arrivée de suzukii, on s'interroge sur la lutte contre ce ravageur qui supplante tout, et le maintien du verger. Nous avions déposé en 2019 un appel à projet sur la restructuration de la filière, accordé par FranceAgriMer, qui nous a permis d'avancer sur la certification Haute valeur environnementale et les soutiens pour s'équiper de filets, sachant que chaque région a sa propre politique d'accompagnement concernant le soutien aux couvertures", rappelait la directrice de l'AOPn 'Cerise de France, Alexandra Lacoste, le 18 octobre dernier.

Si, dans l'ensemble, toute la filière espère énormément de la recherche et mobilise beaucoup d'énergie sur ces questions d'insecte stérile, de parasitoïdes et autres alternatives de lutte contre les mouches, la question essentielle reste triviale : comment fait-on en attendant que ces recherches aboutissent, et comment conserver des productions françaises rémunératrices pour attendre la mise en place de ces solutions ?

Du côté de l'Anibi - "maison où producteurs et confiseurs se parlent", précisait Éric Ginoux, président de l'interprofession - l'inquiétude est grande car, dans ces vergers spécifiques, les volumes d'arbres sont importants, la récolte est mécanique, et les filets sont difficilement installables. "Nous sommes obligés de compter sur des solutions phytosanitaires pour maintenir la production, qui représente 800 hectares de vergers et trois coopératives" : Coopfruit Luberon dans le Vaucluse, Conserve Gard, dans le Gard, et la Sica des Vergers du Caroux, dans l'Hérault. Or, les solutions phyto se résument aujourd'hui à l'Exirel, pour qui une dérogation est demandée chaque année. "On ne peut pas rester sur ce schéma longtemps et l'on constate déjà des arrêts de plantation. Alors oui, mettre des filets en attendant est une solution, mais les producteurs n'ont pas les moyens de les financer, sauf à restructurer entièrement le verger. Or, si on rabat les arbres pour installer des filets, on redonne de la vigueur ce qui augmente le calibre. Ce qui va à l'encontre de notre cahier des charges qui oblige à proposer des bigarreaux de moins de 24 millimètres. Sans compter l'abaissement du potentiel de récolte. Or, nos prix sont contractualisés. Il faudrait donc passer par des vergers que l'on n'a pas encore inventés !", résume sobrement le président de l'Anibi.

Le bigarreau lance des pistes expérimentales

Pour autant, le bigarreau d'industrie n'est pas resté les bras croisés. La filière a notamment lancé un essai de restructuration de vergers, avec un palissage pour former des arbres à plat pouvant par la suite accueillir des filets. "Mais c'est encore au stade très expérimental", souligne Éric Ginoux. Selon lui, la filière doit viser un nouveau modèle de verger industriel faisable économiquement pour obtenir un produit (rendement, calibre) entrant dans les exigences des cahiers des charges des confiseurs. "La solution est de rester sur une protection droso et grêle minimaliste" pointe le producteur.

Autre essai lancé, l'efficacité d'un "complexe végétal à base d'hydrolat d'huile essentielle à pulvériser, avec un objectif neurotoxique sur drosophila", détaille Nathalie Nevoltris, directrice de Coopfruit Luberon. Deux essais - conduits sur fonds propres - ont été lancés en 2022, dans le Gard et le Vaucluse. Enfin, contre drosophila toujours, la coopérative a lancé cette année un essai sur trois parcelles d'un hectare, en partenariat avec la société Cearitis. Malgré des résultats en demi-teinte cette année pour ces deux essais, ils vont être reconduits en 2023.

Diagnostics et numéro vert en 2023

Du côté de la cerise de bouche aussi, les dernières semaines ont été actives et plusieurs actions ont été lancées dans le cadre du projet 'Cerise 2022-2024' visant à établir un état des lieux des besoins, définir une feuille de route opérationnelle pour accompagner les arboriculteurs dans l'évolution des techniques de production - accompagnement technique dans la mise en place de systèmes de protection filets, antigel et dans la maîtrise de l'irrigation -, en lien avec les Chambres et les Ceta et le GRCeta de Basse Durance. Et un volet expérimental a également été acté, en complément de tout ce qui peut déjà être mené par La Tapy, l'Inrae ou encore le CTIFL (voir encadré).

Dans le détail, l'AOPn 'Cerise de France' a lancé cet été un diagnostic agraire sur le secteur du Ventoux (nombre de producteurs, trajectoire des exploitations, volumes et types de conduite, projets d'équipements, calibreuses...). Une réunion de restitution sera d'ailleurs organisée à la fin de l'hiver 2022-2023.

"La Chambre d'agriculture de Vaucluse va également mettre ne place une enquête sur les vergers pour qualifier le niveau d'équipements et les infrastructures, y compris anti-pluie, accès à l'eau... au niveau régional. Cette enquête sera lancée en 2023", annonce Alexandra Lacoste.

Pour accompagner cerisiculteurs, un numéro vert va également être mis en place, "afin de recueillir les besoins en termes d'équipements, tels que filets, calibreuses, hydrocooling etc. Ces informations doivent aider aux montages des dossiers, souvent complexes et qui peuvent rebuter, sachant que le dépôt devra désormais se faire en ligne sur la nouvelle programmation Pac-Feader. Cette décision a été prise, car nous avons constaté que malgré les aides pour ce type d'investissements, elles étaient finalement peu utilisées dans le dispositif du PCAE. En raison justement de la complexité du dossier à monter" annonce Emmanuelle Filleron. Dans le détail, les filets anti-droso et le matériel nécessaire à leur installation sont toujours aidés. Mais des nouveautés sont à noter sur les montants d'aide :

le taux d'aide de base passe de 20 % à 40 % ;

il est désormais possible de cumuler deux bonifications de 10 % parmi 'Jeunes agriculteurs', 'Zone de montagne' et 'Agriculteur bio' ;

le montant d'aide subventionnable a été augmenté : il est désormais possible d'être soutenu pour deux projets d'un montant maximum de 80 000 € chacune pendant la période 2023-2027.

Si les principes généraux de l'aide ne changent pas, à noter toutefois qu'une priorisation des dossiers et une variation du taux seront appliquées selon différents critères (info à venir). "Par ailleurs, une nouveauté arrive avec cette nouvelle programmation de la Région Sud : l'aide sera donnée dans le cadre d'un 'contrat de transition', ce qui implique la réalisation d'un diagnostic de durabilité et un plan d'actions. Le diagnostic sera réalisé par un conseiller, son coût intégré dans le dossier d'aide et financé à 80 %", conclut Emmanuelle Filleron. 

Céline Zambujo •

Continuer à chercher et évaluer des techniques de lutte contre D. suzukii

En complément des pistes travaillées dans des projets menés par le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes et l'Inrae, le projet 'Cerise 2022-2024' va s'appuyer sur le Domaine expérimental La Tapy et Coopfruit Luberon pour travailler sur des solutions alternatives aux filets (argile calcinée, piégeage massif, complexe végétal et attractifs-répulsifs). "Les filets anti-insectes vont également être étudiés sous l'angle de la durabilité économique des filets monorang disponibles sur le marché, avec un volet dédié aux vergers d'industries palissés en protection monorang", détaille Aliénor Royer, ingénieure à La Tapy. Du côté de la sélection du végétal, le réseau va poursuivre les observations sur une nouvelle gamme de porte-greffes nanisants pour vergers palissés. Enfin, la lutte biologique par lâchers de parasitoïdes est également intégrée dans ce volet 'recherche'.

Céline Zambujo •

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