Var 25/11/2022
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Carqueiranne

Quand la passion de la fleur coupée se transmet

Sur les terres carqueirannaises cultivées par son père et sa grand-mère avant lui, Thierry Abeille fait vivre la passion et le savoir-faire hérités des anciens, qu'il a à son tour transmis à son fils. Entre pivoines, renoncules et immortelles, il mise sur les spécificités de l'horticulture varoise.

Portrait-horti-T.Abeille

© Crédit photo : GL

Lorsque Thierry Abeille prend la suite de son père, en 1990, l'entreprise familiale produit de la tulipe, alors espèce phare du secteur, des glaïeuls et déjà, un peu de pivoines. "À l'époque, la tulipe, c'était la folie ! D'autant qu'on faisait de l'acclimatation pour que ça fleurisse en novembre. C'était prenant mais passionnant. Ça se vendait bien, mais ça demandait énormément de main-d'œuvre. Et puis il y a eu de plus en plus de problèmes d'approvisionnement et de concurrence", se souvient l'horticulteur.

S'adapter, une partie intégrante du métier

Alors que la tulipe décline, il lui faut faire évoluer la production. "Ça fait partie du métier, on n'a pas d'autre choix que de s'adapter. Et ça reste un beau métier", commente-t-il avec philosophie. Il s'essaye à différentes espèces dont le lisianthus, la rose spray ou l'alstroemeria.

En 2015, accompagné par la filière, il participe activement à la relance de la culture de l'immortelle varoise, sur les restanques ensoleillées du quartier du Canebas, à Carqueiranne. Il en cultive aujourd'hui 3 000 m². Les fleurs, une fois séchées, sont vendues via le Marché aux fleurs de Hyères, à une célèbre marque provençale de cosmétique, qui les utilise pour décorer ses boutiques à travers le monde.

Il y a cinq ans, Thierry Abeille se lance par ailleurs dans la production de renoncules clones, qu'il plante en pleine terre, sous 6 000 m² de serre verre. "C'est une culture à froid peu gourmande en énergie. Et ça pousse bien l'hiver sous notre climat", justifie le producteur.

En parallèle, il augmente significativement ses surfaces de pivoines, qui passent de 5 000 m² à 3 hectares, sur des terres que l'horticulteur loue en fermage. Au départ culture complémentaire de la tulipe et du glaïeul, la pivoine - devenue reine des fleurs coupées du Var - représente désormais 40 % du chiffre d'affaires de l'entreprise, l'immortelle et le tournesol - mis en production récemment - pesant pour 10 %, et la renoncule pour 50 %.

La fleurette est ainsi pour l'heure la production principale de Thierry Abeille. "On a démarré avec un peu de Success - une belle fleur, mais au printemps il faut la cueillir avant le lever du soleil pour avoir la meilleure qualité - et on s'était surtout orienté sur la Ponpon, car elle est plus simple à travailler et la fleur est moins fragile. Mais, petit à petit, la Success gagne du terrain, on a des problèmes d'approvisionnement sur Ponpon. Depuis trois ans, on fait aussi un clone produit localement, avec lequel on a moins de difficultés sanitairement", explique-t-il. Au total, il cultive une dizaine de variétés de renoncules aux couleurs variées, qui sont plus intenses quand il fait froid. "C'est une particularité de la renoncule : plus il fait froid, plus les couleurs sont vives", souligne Thierry Abeille.

Une année compliquée

Cette année, le climat a malheureusement causé du tort au producteur. Les pivoines ont connu un pic de production inédit, la grêle du mois d'août a sérieusement endommagé une serre, et les températures élevées du début d'automne ont contrarié les cultures de renoncules. "Tant qu'il a fait chaud, on n'a pas pu déblanchir et on a souffert de la chaleur et du manque de luminosité. Du coup, on était un peu juste en qualité. Avec l'humidité, on a aussi un problème de thrips, qu'on régule mais dont on a du mal à se défaire. En plus, à cause du climat, les fleurs des Italiens sont arrivées en même temps que les nôtres, et puis il y a la morosité ambiante. Depuis la fête des mères, on voit que la consommation de fleurs ralentit. Résultat : on a commencé avec un prix moyen 50 % en dessous de celui de l'an dernier à même époque. Mais, avec l'arrivée du froid, ça devrait aller mieux. Et puis, c'est au printemps qu'on fait le gros de notre chiffre sur fleurette. Heureusement, on avait rééchelonné les plantations, on verra ce que ça donne", développe Thierry Abeille. En attendant, il faut tout de même faire face à l'augmentation des coûts, des amendements, des phytos, du fuel... "C'est comme le climat, on subit", ne peut que constater l'horticulteur.

La qualité comme credo

Malgré les difficultés, l'horticulteur s'applique à produire des fleurs de qualité, commercialisées par la Sica Marché aux fleurs de Hyères. Sa production est labellisée Hortisud, marque développée par la filière fleurs coupées du Var, et répond aux exigences de la Charte 'Qualité fleurs'. Le producteur privilégie par ailleurs les amendements organiques et limite les traitements "au nécessaire".

La principale problématique qu'il rencontre est celle de la fusariose sur ses renoncules. "C'est d'autant plus difficile à gérer qu'on n'a plus de solution homologuée en fleurs coupées. On n'a que la désinfection à la vapeur, qui fait intervenir un prestataire et qui revient à quatre euros du mètre carré. C'est très cher et ça élimine tous les champignons, sauf la fusariose. Comme il y a des variétés plus sensibles que d'autres, on fait attention, et on fait en sorte de planter autre chose s'il y a un problème sur une parcelle, pour limiter les risques", explique-t-il.

S'il prévoit de planter 5 000 m² de pivoines supplémentaires dès l'an prochain, la diversité des productions reste importante pour l'équilibre de son exploitation. Il envisage ainsi également de planter quelques anémones. D'autre part, il devrait tester la protection biologique intégrée. Un projet qu'il partage avec son fils, Mathieu, qui a débuté comme apprenti puis salarié de l'exploitation, avant de s'installer à son compte. Et qui, a son tour, fait vivre la passion familiale.

Gabrielle Lantes •

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