Aude 11/11/2022
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ÉLEVAGE

Le pâturage tournant dynamique

Julie et Thimoléon Resneau sont éleveurs de brebis Rouge du Roussillon au Gaec Saint Pierre, à Pomy dans le Haut Razès. Tous deux enfants d'éleveurs, ils ont repris l'exploitation des parents de Julie en 2006 et pratiquent le pâturage tournant dynamique, pour optimiser la pousse d'herbe depuis 2011. 

 

C'est grâce aux nombreux voyages de Thimoléon, notamment en Nouvelle-Zélande, qu'est venue aux éleveurs l'idée du pâturage tournant.

© Crédit photo : JB

Dans le cadre du Label Innov'Action, porté par les Chambres d'agriculture d'Occitanie, le Gaec Saint Pierre a ouvert ses portes pour présenter le pâturage tournant dynamique, une technique innovante face au changement climatique. C'est grâce aux différents voyages en Nouvelle-Zélande de Thimoléon, tondeur de moutons, et au constat que ses prairies étaient tantôt surpâturées, tantôt sous-pâturées, que l'idée du pâturage tournant leur est venue. "En Nouvelle-Zélande, ils ne font que comme ça. Ils n'ont pas de bergerie, pas de foin, pas de grain et ils n'ont pas d'aide. Les agneaux sont engraissés 100 % à l'herbe. Donc, ils ont vraiment cette notion que chaque investissement soit rentable", explique Julie.

Les objectifs de cette gestion pastorale sont d'optimiser la gestion globale du système de pâturage, en augmentant le nombre de parcelles (la taille est proportionnelle à l'effectif d'animaux), et en modifiant la vitesse de rotation des animaux, pour respecter en permanence le stade de développement des plantes ; et de permettre au système de pâturage d'exprimer son plein potentiel (rendement et digestibilité) de manière autonome tout en diminuant les intrants. Ainsi, le couple d'éleveurs répartit ses lots de brebis sur quatre parcs de 20 à 25 hectares, subdivisés en parcelles, et pratique des rotations toutes les 24 heures, grâce à des clôtures mobiles. Avec ce système, chaque parcelle obtient un repos de 28 jours. "Le premier intérêt est d'éviter le surpâturage. Il n'y a rien de magique, nous sommes sur des terrains arides. Mais l'idée est de protéger la plante et de gérer les possibilités de nos parcelles. Il ne faut jamais blesser une plante. Au contraire, il faut favoriser le système racinaire et la photosynthèse." Pour le mettre en place : il faut déterminer des lots d'animaux, calculer la surface de base à effectuer et le découpage de cette surface en paddock. Ainsi, par exemple, pour un lot de 100 brebis, avec un chargement moyen de 40 ares/UGB, la surface de base nécessaire est de 6 ha.

Exploiter les graminées au bon moment

"Il faut faire pâturer à partir de 12 cm d'herbe. Ne pas exploiter trop tard permet de conserver de bonnes performances animales, sans dégrader le potentiel de la prairie. Il faut faire pâturer avant le stade d'épiaison, afin de conserver les meilleures valeurs nutritionnelles de la plante pour l'animal", précise Thimoléon. Avec cette technique, il est fortement déconseillé de pâturer plus de trois jours, afin de respecter les réserves de la plante et d'éviter le surpâturage : ne pas descendre en dessous de 5 cm à l'herbomètre.

C'est après le broutage, au moment de la repousse, que la graminée puise ses réserves pour initier la pousse d'une nouvelle feuille. "Là, on s'aperçoit que les animaux se sont habitués à changer tous les jours. Ils ne rasent plus l'herbe, même s'ils font de la repasse. Si on les laisse trois jours, il y aura du surpâturage." L'Irlandais John Bailey - fondateur de Pâturesens et de Pâturevision, qui a rencontré le couple en Nouvelle-Zélande - insiste et appuie : "Il faut bien comprendre que nous exploitons l'herbe pour les animaux, et pas l'inverse !".

Retour d'expérience

La mise en œuvre de la rotation permet une couverture permanente du sol - en limitant l'érosion et l'évaporation - et une meilleure exploitation de l'herbe sur toutes les surfaces. La rotation améliore aussi la santé générale du troupeau (avec une réduction de la pression parasitaire), et facilite la diminution de l'utilisation des vermifuges, ainsi que du temps de travail. "Avoir des lots différents permet aussi d'éviter la concurrence, les agneaux se défendent mieux." L'arrêt du surpâturage a permis aux éleveurs "de passer du : je n'ai pas assez d'herbe, au : j'ai trop d'herbe", et de faire des économies sur l'alimentation. Leur volume de grain par agneau, de 45 à 50 kg, est désormais passé entre 15 et 20 kg. "Avec les économies faites la première année, nous avons financé toutes les clôtures de subdivisions. Et l'année d'après, ça nous a permis de financer le réseau d'eau", témoignent-ils, en estimant leur coût d'alimentation à 10 € par agneau (grain et foin de complémentation).

À prendre en compte tout de même : un travail d'observation et de suivi de la pousse de la végétation, une importante longueur de clôtures à poser et à entretenir, ainsi que l'installation d'un réseau d'eau. Et Julie de conclure : "Lorsque nous avons commencé, les gens ne comprenaient pas l'intérêt de notre façon de travailler. Maintenant, nous sommes en phase avec le changement climatique et avec cette urgence de changer nos pratiques. Tout ce qu'on a fait prend complètement du sens". 

Justine Bonnery •

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