Bouches-du-Rhône 25/11/2022
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session chambre 13

La profession appelle à davantage de cohérence

La session de la Chambre d'agriculture du 21 novembre a été largement consacrée aux pressions environnementales et administratives, qui s'exercent sur un monde agricole pourtant pleinement investi sur le terrain de la souveraineté alimentaire.

Lors de son discours, le président de la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône, Patrick Lévêque, a martelé que la souveraineté alimentaire de la France est aussi essentielle qu'en matière d'énergie.

© Crédit photo : ED

Après un hommage rendu par tous à Éric Testud disparu cette année, cette session était - comme de coutume en fin d'année - consacrée en premier lieu aux questions budgétaires de l'établissement. Bilan de l'année écoulée et budget initial 2023. Comme le rapportait Patrice Paradiso, son directeur, l'ensemble est à l'équilibre, construit à l'image d'une vision prudente de l'année qui s'annonce. Il s'inscrit aussi dans une démarche vertueuse sur le plan financier engagée depuis plusieurs années, mais lourdement contrainte aujourd'hui par le Contrat d'objectifs et de performance.

Cette session d'automne était aussi évidemment placée sous les projecteurs d'une actualité tendue. Celle d'une conjoncture qui malmène, depuis des mois, toute une profession. Presque tous les clignotants agricoles sont au rouge. Les agriculteurs sont confrontés à une somme incroyable de défis liés à l'accumulation de difficultés, qui rendent vulnérables leurs exploitations et bouleversent les marchés. Le gel, la sécheresse, mais aussi l'inflation, la pénurie de main-d'œuvre et de matières premières, sans oublier la crise énergétique et les entraves liées aux excès d'une réglementation environnementale que la profession s'évertue à dénoncer en permanence sur le terrain, à l'image des Zones de non traitement par exemple. Ce sont, avec elles, 20 000 hectares qui sont concernés dans les Bouches-du-Rhône. Il y a aussi le risque d'interdiction par Bruxelles de traitements dans les zones 'Natura 2000' qui impacte lui 50 % du territoire. Toutes ces difficultés et bien d'autres pourraient avoir de lourdes conséquences structurelles sur un secteur dont les marges de manœuvre sont réduites, et renforcer malheureusement la perte de compétitivité de la Ferme France.

Un projet qui ne passe pas

En comparant dans son discours, 'énergie' et 'agriculture', le président de la Chambre d'agriculture, Patrick Lévêque, s'inquiète des conséquences de la politique alimentaire de la France à terme. "Après que notre pays se soit engagé, sous la pression des écologistes, dans la sortie du nucléaire, détruisant un fleuron industriel qui nous procurait une énergie renouvelable à l'infini et à moindre coût, voilà que les pouvoirs publics prennent conscience que nous avons un problème de souveraineté énergétique. Notre souveraineté alimentaire est aussi essentielle qu'en matière d'énergie", soulignait-il, craignant que l'agriculture subisse, à son tour, un manque d'anticipation et de cohérence.

Un projet évoqué lors de la session concentre à lui tout seul l'exaspération de la profession : le projet d'extension de la réserve naturelle des Coussouls de la Crau, actuellement soumis à enquête publique. La réserve actuelle s'étend sur 7 000 ha, et le projet en question propose d'en rajouter 3 000 de plus. Il s'agit d'une démarche engagée il y a quelques années et sur laquelle la profession avait déjà alerté l'État. Différents scénarios ont été présentés à la Chambre d'agriculture mais, en septembre dernier, un dernier comité consultatif présentait une cartographie définitive, que la profession a découverte et sur laquelle elle n'a plus la main.

Sur le fond du dossier, les agriculteurs sont franchement opposés. La position de la Chambre d'agriculture est aussi claire. "On ne peut pas accepter de mettre sous cloche un bloc de 3 000 hectares. On se sert de la Crau pour essayer de répondre à une politique globale en matière de protection de l'environnement", indiquait Xavier Dufour, chargé du dossier au sein de la session de la Chambre d'agriculture.

Sur la forme, même constat : "Nous n'avons pas été associés à l'élaboration de la cartographie qui nous a été présentée, et l'on se retrouve aujourd'hui avec des terres cultivables inscrites dans ce périmètre", renchérissait le président Patrick Lévêque.

Les membres de la Chambre d'agriculture ont récemment rencontré les services de la Dreal et restent mobilisés sur le dossier, mais regrettent un manque de concertation sur le sujet.

Souveraineté alimentaire, vraiment ?

Voilà donc un projet qui vient encore impacter davantage de nouvelles terres cultivables, dans un département déjà très contributeur en matière d'espaces protégés et de surfaces classées. C'est cette politique que ne comprennent pas les agriculteurs : elle vient se heurter à 'l'injonction' de reconquérir la souveraineté alimentaire dans les territoires et se trouve, de ce fait, sans grande cohérence. "Nous importons entre 30 % et 40 % de ce que l'on mange en France. Il faut que l'on sache où nous allons, et nous avons besoin de réponses claires", lançait Romain Blanchard, au directeur adjoint de la DDTM, médusé.

Claude Rossignol enfonçait le clou, en interpellant les représentants de l'État sur la rigidité de l'administration et "son incapacité à aider, comprendre et faciliter la vie des agriculteurs". Il y a d'un côté les calamités climatiques, économiques, mais aussi "celles qui sont administratives, qui nous découragent, nous épuisent ! On nous empêche de produire, c'est ce que l'on ressent. L'agriculture est coupée de son administration !" lançait-il, en s'inquiétant particulièrement des conséquences pour les jeunes de ce "fossé qui se creuse".

Si la parole de l'État était attendue sur tous ces sujets, Anne Laybourne, secrétaire adjointe pour la préfecture, a plutôt tenté de relativiser et de rassurer les agriculteurs sur "la volonté des pouvoirs publics d'être à leurs côtés, même si ce n'est peut-être pas de la façon attendue", reconnaissait-elle toutefois, rappelant aussi que "la concertation était essentielle...".

Logement et main-d'œuvre, tout aussi essentiels

Pour le reste, les membres de la session ont pu aborder une multitude de préoccupations que la représentante de l'État fera remonter au préfet. La question du logement agricole par exemple, pointée par Thomas Chaullier, qui insistait sur "l'impossibilité pour un agriculteur de pouvoir loger sur ses terres et de faire construire sur son outil de production. Une difficulté qui vient directement impacter les installations de jeunes, alors qu'en parallèle, on nous annonce sur la région Paca 20 000 hectares qui doivent être mobilisés pour déployer le photovoltaïque", dénonçait le jeune agriculteur. Tout autre sujet, sur le projet du Marché d'intérêt national de Châteaurenard, c'est "le statu quo concernant le cœur de Min qui interroge", lançait André Boulard, qui redoute l'accaparement du négoce par quelques metteurs en marché et en "appelle à l'État pour redonner de l'impulsion au projet".

Les questions autour de la main-d'œuvre inquiètent toujours autant les chefs d'exploitations. "Nous avons un réel manque de personnels, et certaines exploitations n'ont pas pu récolter cette année pour cette raison. Ce qui pourrait nous aider serait de faire reconnaître les métiers agricoles comme métiers en tension", proposait Isabelle Grandin, présidente de la commission 'Emploi' de la FDSEA des Bouches-du-Rhône.

Enfin, la situation des filières du département n'a pas été oubliée. Dans son point de conjoncture, Romain Blanchard observait que, cette année, les volumes de production étaient à la baisse pour la quasi-totalité des filières, à l'exception de la viticulture. En cause, la sécheresse pour une bonne part, le gel pour d'autres, sans oublier le poids des coûts de production sur les exploitations. Une réalité qui pose d'autant plus de questions pour l'année à venir. 

Emmanuel Delarue •

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