Bouches-du-Rhône 18/11/2022
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Saint-Andiol

L'agriculture ? "Ce qui avait le plus de sens"

Si elle 'rate' le train au moment où il s'est présenté quand ses parents arboriculteurs partent à la retraite, Christelle Michel a su relever les manches pour mener à bien son projet agricole progressivement.

Christelle Michel

© Crédit photo : ED

Si elle est issue du milieu agricole ? "Oui et non", reconnaît Christelle Michel. Elle est bien née sur une exploitation agricole, mais elle ne la reprend pas quand ses parents - arboriculteurs sur Saint-Andiol - partent en retraite, il y a quelques années. "La question ne se posait même pas", reconnaît-elle aujourd'hui. Il faut dire que, durant sa jeunesse, ces derniers ont bien pris soin de ne pas l'encourager dans cette voie. "Tout sauf ça !", lui ont-ils longtemps martelé. Christelle les écoute et s'engage dans des études de comptabilité, qui la conduisent dans la fonction publique territoriale. Elle ne trouve pourtant pas de véritable épanouissement dans le travail de secrétariat qu'elle exerce une quinzaine d'années.

En 2017, après un gros ras-le-bol, elle décide de changer de voie. Une profonde remise en question la pousse à se tourner finalement vers ce qui lui semble le plus logique. "J'aurais pu faire autre chose, mais l'agriculture était ce qui avait le plus de sens à mes yeux." Adolescente, elle avait déjà eu l'occasion de toucher du doigt certains aspects du métier. "L'emballage des fruits, la vente sur les marchés, etc.", mais il lui faut pouvoir acquérir des compétences solides dans son nouveau métier. Elle passe un diplôme de technicien agricole à la Maison familiale et rurale d'Eyragues. Et opte ensuite pour le statut de cotisant solidaire pour lancer son exploitation en 2019, à l'âge de 39 ans. Toutes les terres agricoles de ses parents sont alors en fermage. Elle parvient cependant à récupérer une petite parcelle de 1,5 hectare en location.

La DJA de justesse !

Elle se tourne alors vers la Chambre d'agriculture et suit le parcours de jeune agriculteur, dans l'objectif de s'installer agricultrice à titre principal. Pour être éligible à la Dotation jeune agriculteur (DJA), il faut avoir moins de 40 ans et disposer d'un diplôme agricole de niveau bac. Christelle passe de justesse avant le gong. "La DJA m'a beaucoup aidé au plan économique. La formation m'a aussi beaucoup apportée, en particulier sur la gestion d'une entreprise agricole", explique-t-elle.

L'accompagnement dont elle a bénéficié avec le Point accueil installation lui fait prendre la mesure de ce qui l'attend. Il a fallu recalculer, retravailler son projet et l'investissement financier pour le porter. Malgré cet obstacle lié aux coûts d'investissement, elle décide d'aller de l'avant. "En agriculture, il ne faut pas avoir peur", lance-t-elle aujourd'hui. La stratégie d'investissement reste malgré tout importante. Entre le foncier, le hangar qu'elle a fait construire et l'achat de matériels, elle évalue le coût de son installation à environ 300 000 €. Si ses parents ont produit des pommes et des poires pendant des années, Christelle décide de mettre en place un atelier de petits fruits rouges, pour débuter. Quelques serres de framboises et des mûres sur 2 000 m² sortent de terre. Elle reprend aussi un verger déjà planté en cerisiers ainsi qu'une terre nue, sur laquelle elle installe un hectare de grenadiers. De ses parents, elle récupère du foncier à la location qui se libère, et son parcellaire continue d'évoluer, passant de 1,5 à 13 ha.

Désormais, son exploitation est toujours orientée sur l'arboriculture, mais se diversifie. Si elle abandonne les petits fruits rouges, elle produit actuellement des grenades, de la poire, de la prune, de la cerise et de la figue. À quelques kilomètres, elle récupère aussi un beau parcellaire de son oncle, cette année : neuf hectares, du côté de Mollégès, qui comptent un verger de Pink LadyCOV et un verger de poiriers.

Premières difficultés

L'exploitation s'étend progressivement et les problématiques avec : le point noir pour l'arboricultrice est la difficulté de recruter du personnel. Trouver de la main-d'œuvre qualifiée est très compliqué. Mais elle n'hésite pas à demander, à s'entourer et à s'adresser aux organismes professionnels pour identifier des solutions. Son mari l'a rejoint le 1er janvier dernier, avec le statut de conjoint collaborateur qui lui permet de travailler sur son exploitation, en plus de son activité extérieure.

Se dresse aussi rapidement sur sa jeune route ce que tous les arboriculteurs redoutent. Le gel ! Et, en avril 2021, il a été historique. Toutes ses productions fruitières sont impactées. Pour protéger ses arbres, il lui a fallu agir rapidement et investir dans des bougies. "Un investissement très lourd de 300 bougies par hectare à 10 euros la bougie", note Christelle. Elle n'a pas pu équiper la totalité de son verger. Même si elle perd des productions, elle salue le soutien dont elle a bénéficié de la part des organismes professionnels. Mais la situation l'a surtout conduite à changer de méthode : elle a installé cette année un dispositif antigel par aspersion sur tous ses vergers, et souhaite pouvoir équiper de cette manière toutes ses plantations futures.

En ce mois de novembre, la récolte de ses productions fruitières est quasiment terminée. Le plus gros de la production est parti à l'expédition. Les william's vertes cueillies au mois d'août sont actuellement mises en plateau pour être livrées à des grossistes bio de la région. Il ne reste plus que les Pink LadyCOV à récolter. Si la demande sur la poire a été bonne cette année, le marché de la pomme est toujours très compliqué. "Il faut dire que la saison, très sèche, a posé des problèmes de coloration et au calibre de certaines variétés."

À l'exception des pommes, toute sa production est aujourd'hui certifiée en agriculture biologique. Elle commercialise ses fruits via les circuits courts et des grossistes bio. Mais comme elle l'explique, "le bio connaît depuis quelques temps une valorisation difficile. Le marché est complètement saturé, et même si je préférerais rester en bio, il faudra prendre une décision l'année prochaine en fonction de l'évolution des prix", confie-t-elle.

Un métier difficile, mais...

Après quatre saisons pleines d'activité, elle ne regrette pas du tout son parcours original. Si elle est pleinement satisfaite d'avoir donné du sens à son travail et à sa vie, repartir quasiment de zéro sur les aspects fonciers et matériels n'a pas été simple. Le métier est dur, elle le savait. "Mais pour moi c'est le plus beau métier du monde. Il faut être producteur, commercial, livreur, DRH, comptable, etc. Un métier complet."

Se remettre en question c'est ce qui l'a conduite à devenir aujourd'hui arboricultrice. "Je vais continuer de sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier, c'est le propre de l'agriculture", conclut-elle. Mais avant de se lancer dans de nouveaux projets, elle attend de terminer son installation, d'avoir les structures et le bâtiment adéquats pour produire, stocker et commencer à dégager du revenu... avant de penser à autre chose. 

Emmanuel Delarue •

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