GARD
Fils de coopérateur, cet enfant du pays a récupéré les terres de Saint-Bauzély pour créer le Domaine des Loubatières avec son épouse, en 2003. Un pied en IGP Cévennes, l'autre en Pays d'Oc à la coopérative de Fons-Outre-Gardon, le nouveau président de l'IGP gardoise est un vigneron indépendant qui se veut fédérateur, à l'écoute des caves particulières comme des coopérateurs.
Christel Guiraud IGP Cévennes Vignerons indépendants Gard
© Crédit photo : PhD
Coopérateur, comme son père Louis, dont le portrait trône dans le caveau du domaine de Saint-Bauzély, et qui a donné son nom à une cuvée de blanc, Christel Guiraud ne s'en est pas strictement tenu à l'esprit de la coopération. En reprenant quelque 20 ha de vignes en 1994, à la suite de son père, il a ensuite agrandi l'exploitation, le tout en cave coopérative, en s'affairant aussi au melon, en été. Mais l'appel de la vinification fut plus fort.
Récemment élu président du Syndicat des vignerons IGP Cévennes, succédant à Christian Vigne, le vigneron-coopérateur, cumule également les fonctions en tant que vice-président des Vignerons indépendants du Gard. Avec ce profil dual et des compétences complémentaires, il se sent d'attaque et légitime pour mener à bien les missions engagées par la présidence précédente, et accompagner les 80 domaines et caves coopératives de l'IGP cévenole sur la voie de l'agriculture biologique et des certifications environnementales. La stratégie de communication initiée autour d'une nouvelle identité, sous la marque 'Cévennes', devrait se dévoiler avant les fêtes de fin d'année.
"La vinification m'intéressait, je dissertais beaucoup avec l'œnologue de l'ICV sur les procédés, les méthodes". Encore coopérateur, Christel Guiraud sentait l'appel de l'indépendance au point de créer son propre domaine viticole en 2003. Il se souvient d'une époque, pas si lointaine, "où il n'y avait pas de machines", mais le coopérateur d'alors éprouvait le besoin de s'occuper, en quête d'une activité complémentaire. Avec son épouse Delphine, il a investi dans quatre cuves et a tout décaissé dans le bâtiment agricole de l'exploitation pour y installer sa cave. Cuves en béton, pressoir, "on a tout fait nous-mêmes", raconte Christel.
Aujourd'hui, la cave des Loubatières compte "pas loin de 1 000 hl de cuverie", équipée d'un pressoir tout inox, d'un égrappoir, de son groupe froid, et même d'une machine à Bib. En conversion bio depuis deux ans, et au niveau HVE 3 depuis cinq ans, le domaine oscille entre production maison et apport à la coopérative de Fons-Outre-Gardon. Lors de son installation, le producteur a misé d'emblée sur le créneau de l'IGP Cévennes (90 %), en se réservant un "petit haut-de-gamme" en AOP Duché d'Uzès. S'il a arrêté cette petite production de 1 000 bouteilles, sa cuvée a basculé en IGP (alicante, syrah, merlot et grenache). En propriété, les vignes du domaine sortent "un peu moins de 400 hl", mais après une année fortement marquée par la grêle et la sécheresse, Christel table plutôt sur des volumes en deçà des 300 hl, fragilisés de - 30 % pour l'IGP Cévennes.
En bon vigneron indépendant qu'il est devenu au long de son engagement, il reste un "fervent défenseur" de l'étalement du remboursement du PGE (Prêt garanti par l'État), comme ses homologues régionaux. "On a eu cette chance d'être aidé, mais avec deux mauvaises années consécutives, on demande le rallongement de cet emprunt à rembourser sur dix ans." Une aide de 1 000 € de la Région, une autre du même montant du Département sont, certes, bien tombées, "mais on ne voit pas loin", confie le vice-président des VI du Gard. Outre le CHR et la vente directe, le récent référencement dans le réseau Intermarché de proximité devrait l'aider à "aller chercher des parts de marché".
Entré au syndicat dans la foulée de la création de son domaine de Saint-Bauzély, Christel Guiraud foulera même les allées de Vinisud pour y faire ses premiers pas sous la bannière de l'IGP Cévennes, présidée pendant 14 ans par Christian Vigne. Il porte peut-être une double casquette, mais ne parle pas un "double langage" pour autant. En devenant vigneron vinificateur après des années en tant que coopérateur, Christel n'a pas non plus tourné le dos à la cave coopérative de Fons-Outre-Gardon, où il apporte en moyenne 560 hl, bien qu'il lui manquera "un peu plus" de volumes cette année. "Je connais les problématiques de chacun, des vignerons comme des coopérateurs", argue le vice-président des Vignerons indépendants du Gard. "J'ai commencé comme trésorier adjoint. Les vignerons connaissent ma façon de travailler et de trancher. Avant d'être élu président, j'avais déjà dénoué certains nœuds." L'incitation au passage à l'agriculture biologique a déjà mis son sens de la persuasion et ses talents de négociateur à contribution.
Dans un avenir proche, les vins IGP Cévennes devront répondre aux exigences du bio ou des certifications environnementales, dont la demande d'intégration au cahier des charges est en cours de traitement par l'Inao. La HVE ou le bio, il faudra choisir et s'y conformer à l'horizon 2024, avant un passage à l'AB en 2027. "Je m'y suis mis car, dans quelques années, ce sera peut-être trop tard, et on était prêt économiquement. Je pense que les gens ont compris ce passage."
D'ici là, le syndicat aura présenté son plan de communication ("notre plus gros budget, de 60 000 €"), à faire valider par le conseil d'administration le 24 novembre. Le président évoque en filigrane une stratégie "un peu innovante par rapport à ce qu'on avait l'habitude de faire, avec une image rajeunie, tout en conservant nos racines et les traditions", sous l'égide de la marque'Cévennes'.
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