Avec Pierre Colin (FPG Sud), Bernard Angelras (Nîmes Métropole, IFV), Olivier Fabregoul (Nîmes Métropole), Jean-Michel Legave, directeur de recherche en arboriculture fruitière (Inrae) et Marie-Laure Eteve-Lambertin (Cot International). © Ph. Douteau
Organisée le 23 novembre, la conférence se voulait un rendez-vous des convergences agronomiques et des stratégies d'adaptation des filières viticoles et arboricoles face au dérèglement climatique. Autour du thème 'L'implantation de nouvelles espèces et la création variétale : une nécessité et une opportunité face au dérèglement climatique', Nîmes Métropole, représentée par Olivier Fabregoul, vice-président délégué au Développement économique, et par Bernard Angelras, vice-président délégué à l'Environnement, a invité des chercheurs, développeurs de variétés et des producteurs pour dresser un état des lieux, pour ne pas se faire dépasser par les effets climatiques sur l'avenir des cultures.
Entre la sécheresse, les inondations à répétition, les vagues de froid et les gelées, toutes les filières sont concernées.
Réchauffement général
L'évolution climatique n'est pas, nul ne l'ignore, sans conséquences sur la phénologie des végétaux, à la vigne comme au verger. Considérant la décennie 2011-2020 comme "la plus chaude jamais observée", Jean-Michel Legave, directeur de recherche à l'Inrae, cite même les années 2016, 2019 et 2020 comme les plus chaudes "à l'échelle planétaire". Il se dit d'ailleurs "pessimiste", considérant le réchauffement global plus proche des 2 ou 3 °C plutôt que le 1,5 °C communément avancé.
Logiquement, les dates de floraison et de maturité en ont subi les effets. Sur l'olivier, le cerisier ou les poiriers, la rupture s'observe depuis les années 80, avec un degré supplémentaire enregistré. "À Nîmes, au début des années 2000, on a noté une remontée des dates de floraison, et depuis 2014, celle des pommiers coïncide avec la pleine floraison des pommiers en Rhénanie", constate Jean-Michel Legave. Alors que le développement des bourgeons se raccourcit, dans la cité gardoise, la levée de dormance est "cinq fois plus importante".
Sur vignes, les avancées de maturité sont présentes sur tous les vignobles, depuis 1901. Idem sur fruitiers, dont le raccourcissement de la durée de croissance des fruits se généralise, "moins nettement pour la mirabelle dans l'Est, ou pour la pomme en Languedoc".
Rendements impactés, génétique encouragée
Outre ses incidences sur les pollinisateurs, le changement climatique conduit à des pertes de rendements. Entre les "avortements floraux", dus notamment au manque de froid, et les altérations de fruits, la qualité s'en ressent, avec des rapports sucre/acidité décevants, à l'instar de la clémentine corse. "Comme pour les vins, la baisse de l'acidité se constate depuis les années 60." En raison d'automnes de plus en plus doux, difficile de capter assez de froid pour une coloration suffisante.
Avec des approches s'appuyant sur la modélisation, l'anticipation sur les prédictions peut s'affiner quant au processus écophysiologique, en modélisant par exemple la date de levée de dormance et de floraison. Entre les ravageurs (Monilia fructicola, Xylella fastidiosa) et les risques du gel, les excès de pluviométrie et les hausses de température, la conservation du matériel génétique s'avère indispensable. "L'auto-fertilité est à rechercher, comme sur l'amandier, ainsi que des variétés à plus faibles besoins en froid, en se basant sur les croisements", recommande-t-il. En diversifiant les pratiques culturales (agroforesterie, nouvelles espèces), à l'adaptation génétique, le tout est de trouver "un bon équilibre entre besoins en froid et en chaleur", résume Jean-Michel Legave.
Encépagements nouveaux
Répondant au double objectif de réduction des intrants chimiques et de l'adaptation aux caprices climatiques, les nouveaux cépages, dont les résistants inscrits au catalogue européen, ont déjà séduit la Fédération gardoise des vins IGP, "premières IGP à les inscrire, en 2019, avec neuf cépages à planter et à vinifier", indique Danny Peregrine, le directeur. Dans la course contre le mildiou et l'oïdium, les hybridations de cépages tolérants ou résistants aux pathogènes ont convaincu quelques vignerons. En Occitanie, 118 hectares de souvignier gris et 48 ha de floréal ont déjà été plantés. L'alvarinho (44 ha), l'assyrtiko et le primitivo représentent plus de la moitié des cépages étrangers en région.
Un pari sur l'avenir et une réponse parmi d'autres à "la hausse du pH, la baisse des acidités et les problèmes de maturation sous climat chaud", considère Danny Peregrine. Persuadé du potentiel du floréal (blanc), Christophe Aguilar en a planté 3 ha en 2020, en plus de deux variétés Bouquet en 2017. "C'est un changement de paradigme pour l'agriculture, comme Internet en a été un dans les années 2000", déclare le président de l'IGP Coteaux du Pont-du-Gard. Reste la question de la commercialisation desdits cépages pour "modifier ce modèle économique avec le consommateur", tout en innovant et en valorisant un terroir.
Philippe Douteau
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