Bouches-du-Rhône, Gard 23/09/2022
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2022, l'odyssée des espèces... végétales

Des semences bio au pilotage des nutriments, la ferme du futur sera cylindrique et verticale, ou ne sera pas. Salades, plantes aromatiques et bientôt les fraises, la culture en roues indoor selon Futura Gaïa devrait répondre aux exigences agronomiques et alimentaires de demain.

 

Par un système de cylindres rotatifs (Gigrow) éclairés au centre, les végétaux sont cultivés et expérimentés sur le site de R&D de Futura Gaïa, à Rodilhan. "La chimie a été une solution, mais ne l'est plus !", affirme Pascal Thomas, président.

© Crédit photo : PhD

Terre, sol, eau. Derrière ce triptyque censé être gagnant, les urgences climatiques et agroalimentaires ne laissent pourtant pas entrevoir un futur radieux pour l'agriculture et les disponibilités alimentaires au local, selon Pascal Thomas. Ce fils d'ingénieur agronome, arboriculteur à Rodi- lhan, lui-même ingénieur de formation, passé par les télécoms et le digital, est revenu au fief familial, après une révélation technico- gustative, survenue en 2018 au Canada, où il s'est expatrié cinq ans. "J'ai goûté une fraise qui a poussé dans une boîte, en janvier, à Montréal. Elle était bonne, sucrée..." Au point de sérieusement se pencher sur l'agriculture automatisée indoor, autrement dit, les cultures en intérieur.

Mais rien à voir avec l'hydroponie, rectifie d'emblée ce visionnaire convaincu qu'une agriculture alternative et complémentaire sera l'une des réponses aux enjeux de résilience, d'équilibre des écosystèmes et de la souveraineté alimentaire qui secouent notre bonne vieille Gaïa.

De retour dans le Gard, avec les machines cylindriques brevetées par les Canadiens sous le bras, Pascal Thomas et son équipe ont mis au point une solution complète livrée clé en main, des recettes agronomiques spécifiques aux plantes, à l'équipement de roues superposables. 

Verticalité bien ordonnée 

"Quand il faudra faire un choix pour l'usage de l'eau du Bas-Rhône, entre l'agriculture et la consommation des populations, je n'aimerais pas être celui qui devra trancher." Dressant un constat globalement partagé par le monde agricole, et au-delà, "l'eau est déjà un sujet", un combat qui ne pourra se passer d'arbitrages politiques. Disposant lui-même de terres, qu'il ne souhaite pas reprendre en production, Pascal Thomas ne fustige pas le prêche des défenseurs de l'agroécologie, mais balaie tout dogmatisme en la matière. Si l'agriculture verticale "n'est pas une solution universelle", comment protéger les ressources, interroge le président-directeur technique de Futura Gaïa, notamment les terres agricoles qui se raréfient "avec une mauvaise résilience" ? Pour améliorer cette dernière, l'ingénieur lance un open book, afin de viser "un système de production efficace", en définissant, par exemple, les besoins de consommation sur tel territoire, pour évaluer les disponibilités réelles des ressources nécessaires.

Libérer les terres agricoles

Exit les cultures mal adaptées aux sols ("Il faut arrêter de faire du maïs là où il n'y a pas d'eau !"), Pascal Thomas s'est tourné vers des solutions technologiques protectrices des terres, une fois les problèmes identifiés, - qu'ils soient liés aux contraintes climatiques extérieures ou écono- miques. Alors que la menace d'une pénurie de salade plane en Amérique du Nord, et que les flux migratoires liés aux perturbations climatiques vont chambouler la donne alimentaire et foncière, "il faut créer de la disponibilité", assure-t-il. La culture verticale en intérieur "libère de l'espace, et permet de récupérer des terres pour produire autre chose plus adapté". Ainsi, le modèle vitrine de la société sur 2 000 m2 équivaut, en termes de production, à environ "12 000 m2 sous serres", pour près de 160 t de basilic par an, à titre d'exemple. 

Massification de la production

Dans les fermes de Futura Gaïa, les végétaux poussent en terre, selon un système automatisé et contrôlé au millilitre près, garantissant un rendement optimisé au m2. Conçus dans les laboratoires de Rodilhan, ouverts en 2019, puis suivis grandeur nature sur le site de Tarascon depuis 2020, où 36 roues fonctionnent en salle 24 h sur 24, ces systèmes de cultures sont gérés de près ou à distance par sept ingénieurs agronomes, scrutant le bon développement des graines, le juste apport des nutriments (tous naturels) ou de la lumière.

Cultivées en terre, les feuilles (salades, épinards, choux kale), les PPAM (basilic, menthe, ciboulette) et autres fleurs ont chacune leur recette reliée à un logiciel, selon un mode de location d'une licence. Par un système de précision (en ml/h), un 'Nutrimix' calibré en volumes pilote l'apport en azote, magnésium et nutriments, tout comme l'alimentation en eau par électrovannes. Pour 1 kg de salade, la technologie Futura Gaïa nécessite 9,6 l d'eau, là où 150 à 200 l sont utilisés sur sols sablonneux. 

Salades : 280 g en 28 jours

Dans cette optique d'augmenter la capacité d'espace de production, le système est passé de salades de 60 grammes en 40 jours, à des résultats "intéressants" de 280 g en 28 jours, "avec la même machine et les mêmes graines", précise Pascal Thomas, qui se fournit auprès de distributeurs classiques (Enza Zaden, Gautier Semences, Graines Voltz), uniquement en semences bio ou non traitées. Alors que les graines de menthe bio sont "quasi introuvables", la démarche "agri-futuriste" écarte tout "enrobage de pesticides", au point que Futura Gaïa est la seule entreprise à produire du basilic sans pesticides en France. En provenance à 75 % d'Israël,1 kg de l'herbacée importée revient à générer 500 kg de CO2, "alors que chez nous, cela équivaut à 2 kg", note le directeur technique.

En deux ans de développement, le laboratoire de R&D a travaillé sur 700 expérimentations, pour parvenir à des résultats probants sur plus de 70 plantes différentes. Certes, tout ne pourra pas pousser en cylindres rotatifs confinés, comme les lianes, les fruits lourds ou le melon "que l'on ne peut pas faire tourner". Mais l'équipe planche sur d'autres systèmes, pour "tirer le maximum du potentiel génétique d'un plant".  

Fraises en roues (libres)

À l'affût de la meilleure recette pour chaque culture, le laboratoire expérimente les fraisiers, confinés à 11 °C, où chaque bac dispose d'un protocole de stimulation propre, aidé par des bourdons pollinisateurs et autres auxiliaires. À chaque jour son changement de formule de nutriments, de terreau, pour aboutir à la formule parfaite. 

Dans une pièce, la germination de graines se fait sous lumières rouge et bleue, dans une autre, différents spectres lumineux sous LED sont testés sur fraise et ciboulette, le tout intégré à un système "auto-nettoyant, avec zéro déchet" qui gère 12 machines en aromatiques, via des cuves de mélanges pour chacune, soit 200 à 250 l/j d'apports pour 1 500 plants par roue. D'autres tests de conservation au frais sont menés, avec, déjà, des résultats visibles. "La salade se conserve pendant trois semaines, car elle a moins d'eau à perdre", observe Pascal Thomas. Idem pour l'éclairage, en lampes HPS et LED : plusieurs modes sont étudiés. La "formule" globale comprend le suivi agronomique, tel que la surveillance des vannes pour un ajout ou une modification du 'Nutrimix', et des apports en pourcentage, à contrôler sur son smartphone. 

Avis aux intéressés, une campagne d'actionnariat en financement participatif a été lancée en ligne, sur Sowefund. 

Philippe Douteau •

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